Les promoteurs de santé sont le premier point de rencontre entre les usagers et « la case de santé ».
 
A) Accueil lire
B) Ouverture de droits sociaux lire
C) Tiers payant lire
D) Traduction : comprendre l'Autre pour éviter les interventions inappropriées lire
E) Grande précarité : en lien avec les promoteurs de santé , l'approche de quartier d'une éducatrice spécialisée...lire
F) Continuité : maintenir le lien, quelle que soit la situation...lire
 
 
A) Accueil
L'équipe se compose de deux « promoteurs de santé » : là aussi la parité homme/femme est respectée. Les promoteurs de santé reçoivent toute personne qui se présente à « la case de santé » : Ils prennent le temps d'informer sur la structure, sur les activités qui s'y déroulent... Leur bureau est parfois un prolongement de ce qui se passe dans le quartier. Ils sont "la première ligne de la première ligne" les garants de la convivialité du lieu. Ils décodent les motifs de consultation, les maux derrière lesquels se cachent des problèmes sociaux . Ils dépistent les mauvaises conditions de vie, les violences subies (travail, conjugale...) et élaborent des stratégies de réponse aux problématiques relevées. En général ils privilégient la mobilisation de l'entourage, des proches et la restauration des capacités de réaction de la personne concernée.
Ce dépistage utilise notamment le score EPICES (score de "vulnérabilité sociale")
Comme des « passeurs en santé » , ils renseignent aussi les habitants et les passants sur les structures de santé existantes sur Toulouse et orientent en fonction des besoins. Ils ont une solide connaissance du quartier Arnaud Bernard.
 

B) Ouverture de droits sociaux ; un travail complémentaire de celui des travailleurs sociaux
L’accès aux soins semble de plus en plus difficile et ce malgré les couvertures sociales disponibles (rapport de médecins du monde). Certains usagers restent éloignés des reseaux sociaux parfois pendant plusieurs années pour des raisons multiples et souvent intriquées :

  • la peur de sortir de la clandestinité pour des étrangers sans titres de séjour
  • la difficulté de rassembler toutes les pièces exigées pour constituer les dossiers d’Aide Medicale Etat et de CMU complémentaire
  • l'appréhension vis à vis de l'Administration ou l’obstacle linguistique
  • les conditions de vie qui, parfois , empêchent de prendre soin de soi

Autant de raisons expliquant le retard à l'ouverture de droits à l'Assurance Maladie et de préjudices parfois majeurs sur la santé d'un individu ou de la collectivité (développement de maladies chroniques, traitements tardifs de maladies contagieuses...).

Depuis l’ouverture (08/2006) de l’association, 4,5 % des patients qui ont consulté n’avaient pas de couverture sociale et 19% pas de couverture complémentaire, ce qui signifie que près d'un quart des consultants a un défaut de couverture sociale lorsqu'il se présente à « la case de santé ».

La demande de soin est alors le bon moment pour organiser l’accès aux droits sociaux (ouverture de droits, explication des démarches avec traducteur si nécessaire…). Le lien avec le réseau social est effectué (assistantes sociales de secteur, structures médico-sociales, permanence d'accès aux soins de santé/PASS...), les atouts principaux du projet de « la case de santé » étant la proximité des promoteurs de santé et la mise à profit d'une demande de soins pour aborder le problème de la couverture sociale. Les problèmes urgents d’accès aux soins s’effectuent en collaboration directe avec le Service Social de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie et la Permanence d’Accès aux Soins de Santé de l’Hôpital La Grave. Les problèmes moins urgents sont abordés en lien avec les travailleurs sociaux du secteur ou ceux déjà mobilisés autour d’un usager incluant l’entourage proche (voisinage, comité de quartier, partenaires de terrain…).

 
C) Tiers payant
"Il fait partie des obligations des centres de santé et représente un de leurs points communs […] Cette dispense d’avance de frais, dont plusieurs études ont indiqué qu’elle n’avait pas d’effet inflationniste démontré, favorise en revanche l’accessibilité financière aux soins pour les revenus modestes qui se situent au dessus du seuil de la CMU […] "

D.Acker – Ministère de la santé – Juin 2007


La gestion du tiers payant (paramétrage informatique, appel des organismes assurantiels…) est effectuée par les promoteurs de santé. Ils sont garants de l’accessibilité physique des usagers à une couverture sociale permettant la dispense d’avance des frais. Ils sont particulièrement vigilants à cette dispense d’avance des frais pour les personnes les plus fragiles, les démarches de prévention (frottis du col de l’utérus…) ou certains actes qui ne doivent pas souffrir de retard en raison d’un problème d’accessibilité (procédure de l’avortement médicamenteux par exemple).
 
D) Traduction : comprendre l'Autre pour éviter les interventions inappropriées
Les promoteurs de santé s'assurent que les patients migrants soient bien compris dans leurs problèmes de santé ; ils sont chargés de trouver des traducteurs (interprètes) lorsque cela est nécessaire dans les entretiens individuels (consultations « polyglottes ») . Mais aussi pour les ateliers collectifs (nutrition notamment).

Le secteur du soin a malheureusement recours, par nécessité, à des traductions approximatives ou compromettant l'intimité ou le secret médical (traduction par des proches, des enfants notamment). Les promoteurs de santé sont responsables de la mise en place des partenariats nécessaires pour qu'une collaboration de qualité se fasse entre des acteurs de santé et des traducteurs/interprètes qualifiés dans les termes médico-sociaux.

Il a été montré qu'une telle action qui est coûteuse en temps et en argent à mettre en place génère rapidement une meilleure efficience en santé (moindre coût, examens adaptés et non redondants, meilleure compréhension des problématiques, meilleur suivi des pathologies chroniques...), c'est à dire une meilleure qualité de service à un moindre coût pour la société. Mais les consultations et les entretiens sont très longs; une rémunération à l'acte étant alors complètement inadaptée (consultations de 1 heure en moyenne). Dans un quartier comme Arnaud Bernard, quartier de migrations (langue arabe et , récemment, langue bulgare) , cette approche semble fondamentale, notamment pour les maladies chroniques et les problèmes de toxicomanies. Enfin, facilitant ce travail de quartier, la promotrice de santé parle arabe.
 
E) Grande précarité : en lien avec les promoteurs de santé , l'approche de quartier d'une éducatrice spécialisée
De par un lieu convivial, un fort ancrage dans le quartier, « la case de santé », est le lieu où consultent facilement des personnes du quartier très précarisées. Vivant à la rue, rarement suivis régulièrement par des travailleurs sociaux, ils présentent souvent des troubles psychiatriques graves associés. Leurs seuls interlocuteurs du champ médico-social sont en général l'Equipe Mobile Sociale et les services d'urgence hospitaliers, psychiatriques notamment. Car ces usagers se déplacent rarement dans un autre quartier.
Une permanence qui leur est dédiée a été mise en place par une éducatrice spécialisée afin de permettre la meilleure coordination possible autour de ces usagers entre acteurs du réseau médico-social (CCAS de secteur, CMP, assistantes sociale de l’équipe mobile de psychiatrie des urgences, foyers d’hébergement, tuteurs, services hospitaliers….)
Ils viennent facilement prendre le café dans la salle d'attente quand les températures ou la pluie chutent... occasion de maintenir le lien.
Les ressources du quartier sont mobilisées : comité de quartier, voisins ....
Des réunions de réseau sont organisées: deux réunions impliquant des professionnels spécialistes du secteur hospitalier ont ainsi été organisées autour de patients du quartier.
L'idée étant de maintenir dans un quartier ces patients très marginalisés, la persistance d'un lien social pour ces usagers étant fortement thérapeutique.
 
F) Continuité : maintenir le lien, quelle que soit la situation...
Lors de l'hospitalisation de personnes en situation de précarité, en particulier sans domicile fixe, les promoteurs de santé s'assurent de la continuité de la prise en charge médico-sociale. Ils sont le pilier de la continuité de la prise en charge des personnes les plus fragiles à « la case de santé ». Mais aussi des situations « atypiques » pour des soignants et dans lesquelles peuvent se retrouver certains patients. Que ce soit pour la vie à la rue, une incarcération ou un passage au centre de rétention, des problèmes au travail ou à l’école, une grève de la faim… ils sollicitent les soignants pour éviter au maximum toute rupture de suivi. Ils rédigent des courriers de liaison, travaillent avec le réseau de partenaires sociaux en les mobilisant si nécessaire (Halte Santé, Equipe Mobile Sociale, CCAS, Veille sociale, foyer d'hébergement...).